Après la guerre [Yasmin & Fraoch]

Il faisait déjà chaud en ce début de matinée. Le soleil était haut dans le ciel et au Cap Sounion, il n'en fallait pas plus pour rendre le séjour dans les geôles du Sanctuaire insupportable.

Pourtant, au sein d'une des cellules, un sifflotement montait. Un sifflotement plutôt gai. En s'approchant d'un peu plus près, on pouvait voir que c'était Fraoch qui sifflait. Un peu déçu par la guerre contre les géants durant laquelle, il n'avait pas pu vraiment exprimer sa violence, la victoire lui suffisait cette fois amplement.

À quelques cellules de là, il y avait un autre prisonnier. Cet homme proche de la quarantaine avec ses cheveux grisonnants n'était autre que Rachid, le mari de Yasmin. L'homme purgeait ici une peine pour avoir ôté la vie de leur jeune fils. Pourtant déclaré non responsable de ses actes, le saoudien avait demandé à subir une peine d'enfermement en plus des soins qu'il devait faire en vue de traiter sa bipolarité.

- Rachid, tu m'entends ? L'interpella soudain Fraoch.

- Oui ? Répondit son interlocuteur.

- Ils m'ont proposé de quitter ma cellule pour services rendus au Domaine Sacré.

- Alors que fais-tu encore ici ?

- Et toi ? Pourquoi es-tu encore là ? Si j'ai bien compris, tu n'es aucunement obligé de passer ta vie dans ce trou à rat.

Des images montèrent dans la tête de l'homme et il se prit la tête entre les mains.

- Tu vois ? Je suis comme toi. Je ressens la même chose. C'est pour ça que je les ai envoyés chier !

Soudain, des pas se fit entendre. Quelqu'un descendait les escaliers taillés dans la roche pour rejoindre le niveau des cellules.

- Tu as de la visite mon pote ! Déclara l'ancien berserker.

Lorsque Rachid dégagea ses mains de devant ses yeux, il vit sa magnifique femme.

- Jasmin... Tu vas bien ! Je m'inquiétais tellement pour toi ! Dit-il alors qu'il se précipita pour aller prendre sa main.

- Non, ton va bien Rachid. J'ai eu pas mal de chose à régler, voilà pourquoi, j'ai pris du temps, mais me voilà. Et puis c'est moi qui me fait énormément de soucis pour toi.

- Non, tout va bien ma chérie.

- Je m'inquiète quand même. Je connais très bien ce lieu. Il est impitoyable. Ce n'est pas un endroit pour un homme tel que toi. Même si on a pris soin de te mettre dans une cellule relativement à l'abri des marées, je suis si inquiète... Elle serra les mains de son mari contre son cœur.

- Pas d'inquiétude, Jasmin. Franchement, je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce que j'ai de l'estime pour ton mec. Je ne laisserais pas que quelque chose arrive à Rachid. C'est mon compagnon de cellule, on peut dire. Il vit la même chose que moi. Je veillerai sur lui ! Déclara Fraoch dans un moment spontané d'une rare confidence.

Jasmin le regarda d'abord surprise. Elle ne s'attendait pas à une telle déclaration de Fraoch. Surtout connaissant les penchants des berserkers. Puis, la surprise passée, elle lui adressa un franc et large sourire en guise de remerciement.

Impassible quoiqu'un peu gêné, le canadien retourna au fond de sa cellule et laissa un moment de tendre intimité au couple frappé par le malheur.